Dans l’obscurité de cette chaude nuit de juillet, le seul son qui perçait au loin demeurait le léger vrombissement des voitures. Allongée sur le matelas à même le sol, le regard de Sam était rivé au plafond, complètement plongée dans ses pensées. Dans sa tête fourmillaient des milliers de pensées, de réflexions, de souvenirs qu’elle ressassait inlassablement, amusants parfois, déprimants d’autres, elle se repassait sa totale existence en se demandant si oui ou non, le soir était venu de tout balancer pour recommencer ailleurs, envoyer balader tout ça afin de se lancer complètement dans l’inconnu sans la moindre idée de ce que serait demain. L’inconnu… après tout, c’était ce qui lui plaisait, non ? Un léger sourire étirant son visage, la jeune femme se redressa et tourna le dos au miroir, relevant le bas de son T-shirt, tirant vers le bas son pantalon de manière à voir le tatouage gravé à jamais dans sa peau. Un zéro qui rappelait tout, son appartenance à un groupe, son attachement à certains. Quelques secondes lui suffirent pour prendre sa décision, quand elle parcouru du bout du doigt le tracé du chiffre qu’elle avait fait tatouer. Pourquoi elle se prenait la tête, en fait ? Cela faisait des plombes qu’elle pensait quitter ce trou ennuyant à crever pour tenter le destin ailleurs… C’était l'occasion.

Mais merde... pourquoi j'me prend la tête ?

Elle se retourna d’un bond, prit un sac sans réfléchir et y fourra quelques vêtements trouvés ici et là dans l'armoire. Tout y passa, clopes, argent planqué un peu partout dans sa chambre, les clefs de la Bugatti volée quelques jours plus tôt, une brosse à dents et voilà. Quittant la chambre, elle passa dans la cuisine où, à nouveau, de quoi manger pendant le trajet disparu des placards et la jeune femme sortit en claquant la porte. Elle ne prit même pas le temps de fermer à clef, de toute manière, elle n'aurait plus besoin de tout ce qui se trouvait dans l'appartement. Elle n'avait besoin que de ce sac et de sa caisse. Le reste, elle s'en foutait. Elle s'en était toujours foutue, en fait. Cinq minutes de marche, et elle arriva à la Bugatti fraîchement repeinte. Démarrant en trombe, sans demander son reste, elle regarda quelques secondes son ancien lieu de vie et ne ressentit rien. Aucun regret, aucun manque qui s'annonçait. Elle trouverait mieux ailleurs, assurément. Ne restait que de vagues détails administratifs à régler puis elle disparaîtrait, ni vue ni connue, se faisant oublier de tous, ou presque. Elle appellerait son propriétaire plus tard. Il ne comprendrait assurément pas son comportement, mais il ne fera aucune remarque, comme d'habitude. Sam voyait déjà comment les choses se passeraient : elle appelerait un de ses amis et lui demanderait de vendre tout ce qui se trouvait dans l'appartement. Elle récupérerait l'argent plus tard, s'assurant un minimum de confort. Pour Miami... et une nouvelle vie qui ne serait assurément pas plus calme que la première. Elle allait quitter le quartier quand son regard accrocha, au loin, celui de ses voisins qui la scrutaient, l'air haineux. Ah, les relations de voisinage, jamais très facile à vivre. Surtout avec eux, à se plaindre pour un oui pour un non, ayant fait de la vie de Sam un enfer dès qu'elle rentrait chez elle. Affichant le plus beau sourire hypocrite qui soit, la jeune femme tendit un majeur majestueusement levé dans leur direction, sous leur regard effaré, disparaissant dans l'obscurité.