"Dernier tour, la relance est de 1000 dollars minimum Messieurs...Mademoiselle!"
Annonça le chef de partie qui distribuait les cartes. Autour de la table, trois hommes et Hitomi. C'était elle la demoiselle en question.
Dans cette pièce enfumée, la jeune japonaise avait été invité pour une partie de poker nocturne. Habituellement, il n'y avait que des hommes. Le poker est un jeu, un art plutôt, réservé aux hommes en général.
Or ce soir, Hitomi était le pendant féminin de la soirée. L'invitée d'honneur en somme. Ce qu'elle ignorait, c'est qu'elle était le dindon de la farce. La partie était truquée. Tous ici, sauf elle étaient de mèche. Le but étant de la mettre en confiance en lui laissant l'illusion de gagner pour lui faire tout perdre au final et de l'endetter.
Elle aimait les jeux d'argent, toute la soirée avait été propice à la domination de l'asiatique sur ses adversaires masculins. Et les diables jouaient sacrèment bien la comédie.
Ce n'était pas le genre de fille à exterioriser ses sentiments mais prise par la fièvre du jeu, elle croyait en Dame Chance, elle raflait les mises.

Sauf depuis quelques parties. Elle était en train de perdre. Elle avait perdue la globalité de ce qu'elle avait gagné. Elle croyait que la deveine allait être de courte durée. Il fallait qu'elle continue, la malchance allait tourner. L'organisateur lui avait alors proposé une avance. Une avance exorbitante, mais le tarif pour s'asseoir autour de cette table de jeu spécial était prohibitif. Elle jouait dans la cour des grands et elle n'en avait pas les épaules. Elle avait dilapidé ses économies d'étudiante ce soir dans cette partie, il fallait coûte que coûte qu'elle se refasse.
Sa gorge était nouée et sèche, elle avait une boule dans l'estomac. La fatigue d'avoir veillé autour de cette table faussait son jugement et le démon du jeu l'avait emporté sous son bras.

Prenant connaissance des cartes qu'elle tenait en mains, elle y découvrit trois rois. Trois beaux rois! Aux yeux des occidentaux, les japonais sont impassibles en toutes circonstances. C'était le cas avec Hitomi. Nul doute que personne ne devait imaginer qu'elle avait une main de premier choix. Elle plaça la moitié de ce qu'il lui restait de l'avance au centre de la table en ajoutant qu'elle relançait. Un adversaire passait. L'autre relança du même montant qu'Hitomi. Eux avait les moyens de jouer gros. Elle ne les connaissait ni d'Eve ni d'Adam mais à leur apparence on sentait qu'ils ne vivaient pas des prestations sociales.
Le troisième homme relança, pensant qu'il pouvait remporter le pot.
L'atmosphère était tendue. Sous la table, la japonaise remuait nerveusement du pied. Elle tenta de se maîtriser serrant sa cuisse d'une main. Il ne fallait pas qu'elle montre de signes de stress. Elle était persuadée que les autres bluffaient, qu'ils n'avaient pas de jeu.
C'est pour cela qu'elle relança du reste de son pactole. Elle n'avait plus rien, c'était quitte ou double.
C'était le moment d'abattre les cartes. Le coeur d'Hitomi palpitait, le pouls était grimpé à 120. Elle déglutit. L'espace d'un instant, elle se dit qu'elle avait fait une erreur. Qu'elle aurait dû se coucher. C'était trop tard.
Le premier des joueurs découvrit un brelan. La confiance de la nippone revint, elle le dominait de son jeu. Elle montra ses rois. Tous les regards se portèrent sur le dernier joueur qui n'avait pas dévoilé son jeu. "Flush" Lança-t-il comme un couperet. D'un sourire carnassier, le type s'emparait des billets. Le monde d'Hitomi s'écroulait sous ses pieds. Elle devait 20 000 dollars à ces usuriers...

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